Résumé : Clément, Emma, Hyppolite et Delphine, frères et sœurs, vivent avec leurs parents et leur grand-mère dans une grande maison de l’Avenue Franklin Roosevelt, à Bruxelles. Un jour de grande pluie, leur médecin de famille se retrouve bloqué dans sa voiture juste en face de cette maison, et décide de raconter leur histoire à la personne qui l’accompagne. J’aimerais aujourd’hui parler d’un auteur belge, Jacqueline Harpman, psychologue de formation, qui a écrit toute une série de romans à succès jusqu’à sa mort, en 2012. Dans ce roman, elle aborde le thème de l’inceste, à travers un procédé de narration assez intéressant, puisqu’elle place en position de narrateur un des personnages. Il sera donc également question, dans ce livre, des procédés mis en œuvre par un romancier pour raconter une histoire.
J’ai beaucoup aimé ce livre, d’abord parce que le style est travaillé, inspiré des grands romans du 19e siècle, ce qui est d’ailleurs clairement dit dans le roman. En effet, les mots se suivent selon un ordre naturel et élégant. Jacqueline Harpman joue beaucoup sur les sous-entendus, les silences et les non-dits, privilégiant la subtilité. Aussi, j’ai apprécié la capacité de l’auteur à faire ressentir à son lecteur un certain malaise, puisque dès le début, j’ai eu l’impression que quelque chose n’allait pas dans la relation entre les jumeaux, sans pour autant que cela soit explicité. Par ailleurs, la dimension architecturale du récit m’a beaucoup plu, puisque l’écrivain commence son récit par une description complète et précise de la maison « du crime », mais également de son histoire. Effectivement, les passages secrets et pièces dérobées sont omniprésents dans ce roman, et jouent un rôle essentiel dans le déroulement des faits, puisque la relation d’Emma et Clément a, selon moi, pris un mauvais tournant parce qu’ils ont eu l’occasion de se cacher, et de s’isoler du reste de la famille. De plus, je trouve très intéressant de donner à cette maison une histoire et une âme. Cela permet de donner plus d’importance à l’environnement et au cadre de l’histoire, qui n’aurait pas pu se produire ailleurs que dans cette maison. Ainsi, le lecteur a une vision bien claire de la situation, et peut mieux comprendre les circonstances qui ont pu mener cette famille à l’implosion. Enfin, bien que durant tout le récit, on sache pertinemment qu’on ne pourra empêcher l’inévitable de se produire, cette histoire n’en reste pas moins surprenante et riche en rebondissements. Ainsi, Jacqueline Harpman parvient à tenir son lecteur en haleine jusqu’au bout, par exemple, en ne dévoilant l’identité de l’interlocuteur du médecin qu’à la toute fin de l’histoire, mais aussi en utilisant les personnages de Delphine et Hyppolite… Pour conclure, je vous encourage vivement à lire ce livre. Certes, je ne dirais pas que je l’ai trouvé agréable à lire, mais je ne pense pas que ce soit le but de l’auteur. A mon avis, il faut pas le lire pour se divertir, mais plutôt apprécier le style et la musique des mots, se laisser guider par la narration, et ne pas s’arrêter à l’aspect sordide de l’histoire. Elise
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AuteursRaphaëlle, 17 ans, grande lectrice, du classique à la science-fiction. Archives
Juin 2019
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