Résumé: La vie s’écoule, morne et grise, dans cette petite ville du Brabant Wallon lorsqu’Ariane surgit de nulle part. Sa vivacité, son originalité et sa beauté attirent, sa méchanceté et sa cruauté fascinent. Progressivement, elle s’immisce dans la vie de notre héroïne. Se tisse entre les deux jeunes filles un lien très fort. Trop fort. Malsain. Il y a un an environ, à l’occasion de la foire du livre de Bruxelles, j’ai assisté à une interview de Myriam Leroy. Accompagnée de deux autres auteurs, elle discutait de son premier roman, Ariane. Des mois plus tard, je suis tombée dessus par hasard en librairie et, ma curiosité l’emportant, je me suis ruée sur ce livre qui, à première vue, de par la sobriété de sa couverture, ne paie pas de mine. Ce livre n’a pas fait long feu puisqu’à peine acheté, le voici déjà terminé. Effectivement, l’écriture de Myriam Leroy est très fluide, et je dirais même envoûtante. Ses mots sont durs, impitoyables, mais nécessaires. Le style est travaillé et élégant, mais jamais alambiqué. Outre un style impeccable, la jeune auteur dresse le portrait de personnages complexes, et pourtant criants de vérité. Chaque phrase, chaque mot exhale d’une grande sincérité. Son récit sonne si juste qu’à plusieurs reprises je me suis fait la réflexion qu’elle avait certainement fait l’expérience de ce genre de relation . Et si ce n’est pas le cas, je ne peux qu’applaudir face à un tel réalisme. Par ailleurs, ses personnages ont beau être sombres, elle parvient à nous les rendre attachants, davantage humains que diaboliques. Ce roman joue également sur l'ambiguïté de l'identité du narrateur, réel ou imaginaire, et suscite une réflexion sur les stratégies narratives dont il fait usage. En effet, Myriam Leroy se plait à tourner son lecteur en bourrique, notamment en insistant sur les arrangements qu’elle a du faire avec la réalité pour écrire son histoire - qui pourrait très bien ne pas être la sienne. "Peut-être bien que oui, peut-être bien que non". Ainsi pourrait-on résumer les curieuses confessions de l'auteur à propos de son travail d'écriture. Car peut-être qu’au fond, son point de vue est biaisé et n’est jamais que sa réalité à elle. Peut-être même que rien de tout cela ne s'est jamais produit. J'ai aussi beaucoup aimé le bouleversement dans la chronologie du récit. Les anticipations permettent d'instaurer un climat confus qui convient tout-à-fait à l'état d'esprit du personnage principal. Les rétrospections rompent la monotonie du récit, si bien que malgré l'absence de suspense, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Mais Ariane, ce n’est pas seulement un livre sur les relations toxiques. C’est aussi le portrait d’une vie incolore qui peine à prendre du sens, une personnification de la folie et une réflexion sur le suicide et la place de la femme dans notre société. Cette femme qui croit aux diktats des magazines comme en une religion. Celle qui en arrive à souhaiter mourir pour ne pas vieillir. Celle qui peine à se construire car on ne la laisse pas exister. En conclusion, je ressors grandie de cette lecture. Cette auteur a, de toute évidence, beaucoup de talent. J’espère qu’elle continuera d’écrire et nous fera encore profiter de sa plume. Elise J'en étais sûre. Notre binôme était surnaturel. Nous étions plus que la somme de nos parties, nous étions cette complétude en tous points soudée dont naissaient les rayons laser et les pouvoirs magiques. Nous imaginions avoir en poche deux médaillons orphelins, le croissant de lune et le soleil qui, s'emboîtant, devenaient la clef des Mystérieuses Cités d'or. Sauf que l'univers auquel notre union donnait accès était un royaume de ténèbres, peuplé de démons ondulant dans la brume humide du crépuscule. Dans notre souterrain, à quelques mètres sous la surface des hommes, nous nous accordions le droit de lâcher les monstres intérieurs qui grattaient à nos portes.
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AuteursRaphaëlle, 17 ans, grande lectrice, du classique à la science-fiction. Archives
Juin 2019
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