Résumé : Sophie, 18 ans, fiancée, une vie bien rangée, ne se sent pas à sa place dans ce petit univers étriqué. Afin d’échapper à cette voie toute tracée, elle quitte un homme, mais pour en suivre un autre. Elle ne comprendra qu’après plusieurs années qu’elle est libre de choisir et de provoquer son propre destin, sans qu’il ne dépende forcément de quelqu’un d’autre. En 1979, Katherine Pancol signe son premier roman – et son premier grand succès - avec Moi d’abord, qu’elle présente dans la préface du recueil « Premiers romans » comme le récit de sa propre expérience. Il s’agit donc d’un récit autobiographique, mais qui a d’après moi une portée bien plus large. En effet, il s’agit avant tout du parcours d’une femme vers l’indépendance. Ainsi, l’auteur utilise sa propre histoire pour transmettre un message d’espoir et de courage à toutes ces femmes qui, comme elles, se sont parfois laissées entraînées par une vie qu’elles subissaient plus qu’elles ne la décidaient.
J’ai trouvé cet aspect très intéressant, car d’une part, il donne un fil conducteur à l’histoire, et d’autre part, il permet de prendre conscience de certaines réalités, de remettre en question notre propre mode de vie, et de nous pousser à redéfinir nos objectifs. Effectivement, derrière l’histoire de cette femme, se cache un message sous-jacent, celui de croire en ses rêves et de se donner les moyens de les réaliser. Par exemple, Sophie a toujours rêvé de devenir journaliste, mais s’est toujours persuadée que ce n’était qu’un rêve de petite fille, et de ce fait irréalisable. Elle se résigne donc à exercer un métier qu’elle n’aime pas plus que ça et pour lequel elle est sous-payée, persuadée qu’elle ne mérite pas mieux, laissant la gloire et les paillettes aux autres. C’est une manière de penser très répandue dans notre société et je trouve que Katherine Pancol a su trouver les bons mots pour décrire cet état d’esprit et démontrer son absurdité. Ensuite, je souhaiterais souligner l’évolution du personnage, à mon sens plutôt remarquable, puisque Sophie, bien qu’elle ait toujours su en elle-même que ce genre de vie ne lui convenait pas, passe un certain temps à essayer de rentrer dans le moule et de se construire une petite vie bien rangée, avec mari et enfants. Puis, au fil des pages, le lecteur sent qu’elle s’affranchit, qu’elle remet de plus en plus en question la manière dont elle vit, au gré des hommes qu’elle rencontre. Il n’est pas évident pour un écrivain de mettre en scène des personnages réalistes, qui ne sonnent pas faux, mais encore moins de rendre leur évolution à travers le temps, ce à quoi l’auteur parvient ici sans trop de difficulté. Par contre, j’ai moins aimé le personnage de Ramona, que je trouve assez inutile, tout comme les passages concernant l’histoire de Jamie et Camille, les parents de Sophie. Je peux comprendre que Katherine Pancol ait pensé que l’entourage du personnage principal était nécessaire pour comprendre qui elle était vraiment, mais étant donné qu’ils interviennent très peu et qu’elle développe surtout la vie amoureuse de Sophie, je n’ai pas eu l’impression que cela apportait quelque chose de véritablement significatif au roman. Quant au style, il est, comme dans tous les romans de Pancol, très soigné. Le livre se lit facilement et rapidement, et les mots sont agréables à l’oreille. Je ne suis, en conclusion pas déçue de ma lecture. Elise
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Non, les classiques ce n’est pas forcément soporifique ! Enfin, pas tous. Pour vous le prouver, voici une sélection de livres assez anciens que j’ai adorés. En effet, j’ai plutôt tendance à me tourner vers des lectures plus contemporaines, et je dois bien avouer que je n’aurais certainement jamais lu de moi-même la plupart de ces livres, si je n’y avais pas été forcée. Pourtant, ils ont été de véritables révélations pour moi, et c’est pourquoi j’aimerais vous les partager. 1. Don Quichote de Cervantès : qui a dit que les vieux livres étaient ennuyeux ?Résumé : Don Quichotte, obsédé par les romans de chevalerie, bascule dans la folie à force de lire les aventures de ses héros préférés. Il décide alors de partir à l’aventure, s’autodécrétant chevalier. A ses côtés, Sancho Panza, qui l’accompagne dans toutes ses péripéties. Pourquoi le lire ? Ce roman, écrit au début du 17e siècle, est incroyablement drôle. En effet, certaines scènes sont tout-à-fait grotesques et hilarantes. Par ailleurs, ce livre est bien plus qu’une simple parodie de roman de chevalerie, il s’agit également, dans la deuxième partie, d’une sorte de modèle de ce que doit être un tel roman. Cette histoire a donc deux facettes très différentes, tantôt humoristique, tantôt émouvante. 2. La princesse de Clèves de Madame LafayetteRésumé : Mademoiselle Chartres, alors qu’elle est âgée de seize ans à peine, rencontre à la cour de France le prince de Clèves, qu’elle épouse, persuadée qu’elle ne trouvera pas mieux. Si tôt mariée, elle fait la connaissance du duc de Nemours, dont elle tombe éperdument amoureuse. Ces sentiments sont réciproques, mais sa vertu l’empêche de céder à la tentation, et la pousse même à se confier à son mari à propos de cette relation coupable. Pourquoi le lire ? Si vous êtes du genre fleur bleue, foncez ! Effectivement, les premières pages, consistant en une présentation détaillée des différents personnages de la cour, sont un peu difficiles à digérer. Mais ensuite, en tant que grande romantique, j’ai été transportée par cette romance, et me suis prise à aimer cette ambiance particulière qui est celle de la cour royale, faite de rumeurs et d'apparences. De plus, je pense que ce livre soulève de nombreuses questions, notamment celle du véritable amour et de ce qu’il est permis ou pas de faire au nom de celui-ci. Il est également très intéressant de voir évoluer ces personnages dans un milieu clos, à l’abri de toute influence extérieure, dans un univers presque irréel. Cela reflète bien la mentalité des aristocrates du 16e siècle, qui vivaient entre eux, dans un faste révoltant, au regard des conditions de vie de la population. 3. Candide de VoltaireRésumé : Candide, jeune garçon naïf et éternel optimiste, ayant bénéficié d’une existence privilégiée dans le château de Lichtenstein, voit son univers bouleversé lorsque le duc découvre sa liaison avec sa fille. Il est alors mis à la porte du château. Sans le savoir, le duc vient de lui sauver la vie, puisque le lendemain, toute la famille, ainsi que Pangloss, maître à penser de Candide affirmant que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, est assassiné. A partir de cet instant, la vie de Candide ne sera que désillusions. Pourtant, Candide restera toujours à la philosophie de son maître. Pourquoi le lire ? Parce que Voltaire est certainement l’un des plus grands penseurs que le monde ait jamais portés et que ses idées sont tout simplement révolutionnaires et encore très actuelles. En outre, il s’agit d’un conte philosophique, qui se lit par conséquent très facilement. En effet, selon moi, le meilleur moyen de faire passer un message est de passer par l’intermédiaire de la fiction. Ainsi, ce livre, présenté comme une quête du bonheur, fait véritablement réfléchir. Fun fact : Si Candide est aujourd’hui l’œuvre la plus célèbre de Voltaire, elle était considérée au 18e siècle comme mineure, par rapport à ses pièces de théâtre qui ont fait sa gloire, et qui sont aujourd’hui largement oubliées. 4. Le père Goriot de BalzacRésumé : Rastignac, étudiant en droit, vit dans une pension, avec toute une série d’autres personnages atypiques, dont le père Goriot. Alors que ce jeune homme ambitieux cherche à rencontrer du beau monde, il découvre que le père Goriot, bourgeois, a tout sacrifié pour que ses deux filles fassent de beaux mariages et aient un train de vie agréable. Pourquoi le lire : Si l’abondance de détails et de descriptions peut, dans un premier temps, faire fuir, elle est absolument nécessaire à l’établissement du décor, et fait, à mon avis, la force de ce livre. Parce que tous ces détails permettent de véritablement nous absorber dans le récit, et contribuent à nous donner cette impression de réalisme poignant. Ainsi, le lecteur persévérant aura la chance de découvrir des personnages attachants, avec leurs qualités et leurs défauts, et la complexité de leurs relations. Ajoutons à cela une fin particulièrement émouvante. 5. Orgueil et préjugés de Jane AustenRésumé : A Longbourn, en Angleterre, vit la charmante famille Bennet, composée du père, de la mère, et de leurs cinq filles. Madame Bennet, obsédée par l’idée de marier ses filles, est toute émoustillée lorsque s’installe dans la région Monsieur Bingley, un très beau parti. Il est accompagné d’un de ses amis, Monsieur Darcy, qu’Elizabeth trouve extrêmement irritant. Cependant, elle le croise à de multiples reprises et au fur et à mesure, commence à éprouver des sentiments confus à son égard… Pourquoi le lire ? Comme de nombreux monuments de la littérature, ce roman peut sembler un peu abrupt, et j’ai eu du mal à accrocher. Mais une fois habituée à l’ambiance « salon de thé », j’ai beaucoup apprécié la dimension psychologique de ce roman, qui fait le portrait d’un homme dans toute sa complexité avec, je trouve, beaucoup de justesse. Malheureusement, le temps passant à une vitesse folle, je n'ai pas encore eu le temps de lire tous les classiques que je voudrais. Ainsi, dans les prochains mois, je souhaiterais lire Madame Bovary de Flaubert, les Misérables de Victor Hugo, ainsi que Nana de Zola. Je vous en dirai des nouvelles!
Elise Résumé : Clément, Emma, Hyppolite et Delphine, frères et sœurs, vivent avec leurs parents et leur grand-mère dans une grande maison de l’Avenue Franklin Roosevelt, à Bruxelles. Un jour de grande pluie, leur médecin de famille se retrouve bloqué dans sa voiture juste en face de cette maison, et décide de raconter leur histoire à la personne qui l’accompagne. J’aimerais aujourd’hui parler d’un auteur belge, Jacqueline Harpman, psychologue de formation, qui a écrit toute une série de romans à succès jusqu’à sa mort, en 2012. Dans ce roman, elle aborde le thème de l’inceste, à travers un procédé de narration assez intéressant, puisqu’elle place en position de narrateur un des personnages. Il sera donc également question, dans ce livre, des procédés mis en œuvre par un romancier pour raconter une histoire.
J’ai beaucoup aimé ce livre, d’abord parce que le style est travaillé, inspiré des grands romans du 19e siècle, ce qui est d’ailleurs clairement dit dans le roman. En effet, les mots se suivent selon un ordre naturel et élégant. Jacqueline Harpman joue beaucoup sur les sous-entendus, les silences et les non-dits, privilégiant la subtilité. Aussi, j’ai apprécié la capacité de l’auteur à faire ressentir à son lecteur un certain malaise, puisque dès le début, j’ai eu l’impression que quelque chose n’allait pas dans la relation entre les jumeaux, sans pour autant que cela soit explicité. Par ailleurs, la dimension architecturale du récit m’a beaucoup plu, puisque l’écrivain commence son récit par une description complète et précise de la maison « du crime », mais également de son histoire. Effectivement, les passages secrets et pièces dérobées sont omniprésents dans ce roman, et jouent un rôle essentiel dans le déroulement des faits, puisque la relation d’Emma et Clément a, selon moi, pris un mauvais tournant parce qu’ils ont eu l’occasion de se cacher, et de s’isoler du reste de la famille. De plus, je trouve très intéressant de donner à cette maison une histoire et une âme. Cela permet de donner plus d’importance à l’environnement et au cadre de l’histoire, qui n’aurait pas pu se produire ailleurs que dans cette maison. Ainsi, le lecteur a une vision bien claire de la situation, et peut mieux comprendre les circonstances qui ont pu mener cette famille à l’implosion. Enfin, bien que durant tout le récit, on sache pertinemment qu’on ne pourra empêcher l’inévitable de se produire, cette histoire n’en reste pas moins surprenante et riche en rebondissements. Ainsi, Jacqueline Harpman parvient à tenir son lecteur en haleine jusqu’au bout, par exemple, en ne dévoilant l’identité de l’interlocuteur du médecin qu’à la toute fin de l’histoire, mais aussi en utilisant les personnages de Delphine et Hyppolite… Pour conclure, je vous encourage vivement à lire ce livre. Certes, je ne dirais pas que je l’ai trouvé agréable à lire, mais je ne pense pas que ce soit le but de l’auteur. A mon avis, il faut pas le lire pour se divertir, mais plutôt apprécier le style et la musique des mots, se laisser guider par la narration, et ne pas s’arrêter à l’aspect sordide de l’histoire. Elise Résumé : Oscar, jeune aide-soignant de vingt ans, travaille dans une maison de repos d’Oxford, Cedarbrook, élégante bâtisse à proximité de toute une série de college. Un soir, en rentrant du travail, attiré par la musique, Oscar entre dans une église. Il y fait une rencontre qui va bouleverser sa vie… Il y a quelques années maintenant, alors que j’avais 16 ans, j’ai appris en cours de français à écrire des critiques. Pour ce faire, mon professeur de français a fait lire à ma classe toute une série de critiques, dont une, dithyrambique, du « Complexe D’Eden Bellwether ». L’article était d’ailleurs accompagné d’une photo de l’auteur, que ma camarade de classe avait d’ailleurs trouvé fort à son goût (Coucou Céline). Des années plus tard, alors que je me promenais chez Pêle-mêle, je suis retombée sur ce livre, et, par curiosité, j’ai décidé de le lire.
Pour résumer, je dirais que mon opinion concernant ce roman est globalement positive. Tout d’abord, le cadre est très bien décrit, l’ambiance des Campus d’Oxford très bien dépeinte. Ce point me parait important car, à mon sens, l’une des clés de cette histoire est le décalage entre la vie d’Oscar et le cadre où il vit. En effet, il est à sa place, là où il a toujours rêvé d’être, mais n’occupe pas la bonne fonction. Cette ambiance universitaire peut parfois même sembler oppressante pour le pauvre jeune homme, forcé d’admirer de loin ce qui aurait dû être sa vie. Benjamin Wood met ainsi en place une atmosphère bien particulière, qui convient tout-à-fait au personnage qu’il met en scène. Ensuite, j’ai trouvé les thèmes abordés dans le roman très intéressants. J’ai appris ainsi toute une série de choses, que ce soit sur la musique, la philosophie ou la psychologie. Et quel meilleur moyen d’apprendre que par l’intermédiaire d’une histoire ? Ce livre est donc très instructif et développe par ailleurs un autre sujet que j’ai trouvé très intéressant, celui de la limite entre folie et excentricité. Ce dernier aspect m’a poussé à la réflexion, or c’est exactement ce que je recherche dans un livre, qu’il me pousse à réfléchir sur le monde qui m’entoure. J’aimerais ajouter que ce livre est assez prenant, surtout à l’approche des dernières pages. De plus, malgré le prologue, qui en quelque sorte nous dévoile la fin de l’histoire, j’ai trouvé le dénouement plutôt inattendu, et il ne correspondait absolument pas à ce que j’avais pu imaginer en lisant les premières pages (Je pensais plus à un accident… Je n’en dis pas plus.) Malheureusement, certains points m’ont dérangée, dont certains sont peut-être dus au fait qu’il s’agisse d’une traduction. Quoi qu’il en soit, la pauvre francophone que je suis a trouvé que certaines répliques ne sonnaient absolument pas naturellement, et n’étaient pas du tout adaptées à un langage oral. Ainsi, les personnages parlaient « comme dans les livres », ce qui est normal me direz-vous, mais qui n’est pas forcément le cas dans tous les romans que j’ai lus. Sans doute à cause de ce manque de naturel, j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher aux personnages. De plus, certains passages m’ont semblé très ennuyeux et étirés en longueur (en particulier les longs récits des après-midis d’Oscar à Cedarbrook, mais également tous les moments routiniers qu’il passe avec Iris, sans parler de cette interminable semaine passée avec ses amis). Je vous conseille néanmoins ce livre, en particulier si vous êtes amateurs de musique et/ou de psychologie. Toutefois, si vous êtes un amateur de romans d’aventure, je ne pense pas que vous y trouverez votre compte. Elise |
AuteursRaphaëlle, 17 ans, grande lectrice, du classique à la science-fiction. Archives
Juin 2019
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