Résumé : Une jeune enseignante parisienne fait la rencontre de Sarah, au cours d’un nouvel an chez des amis communs. En quelques semaines, elles tombent folles amoureuses. Une rencontre fort banale, en somme, pour un livre qui ne l’est pas. Car si les premiers jours sont magiques, bien vite, l’intensité de leurs sentiments les effraie et les épuise. Leur histoire, loin des contes de fées et des happy end hollywoodiens, est celle d’un amour asymétrique et destructeur, auquel se greffe – comme si cela ne suffisait pas – le regard malveillant de la société. Ça raconte Sarah, à l’unanimité générale, du moins de ce que j’ai pu lire su Babelio, est un livre bouleversant. Les mots sont simples et précis, les phrases courtes et incisives. Pauline Delabroy-Allard parvient ainsi à nous retranscrire un amour parmi tant d’autres, celui de deux jeunes femmes. En la lisant, on comprend assez vite ce qui les unit, sans pour autant que cela soit précisément explicité. En d’autres termes, elle nous conte l’amour par surprise, celui qu’on ne voit pas venir, le sentiment le plus indescriptible qui soit. Entre ces lignes, elle nous fait ressentir la passion, la tristesse, la dépression, le bonheur ultime et l’hilarité, sans cloison. Tous en même temps. De cette manière, elle est parvenue à marquer les esprits, malgré la banalité apparente de son sujet. Car l’amour, sujet vu et revu depuis la nuit des temps, ne cesse pourtant d’inspirer. C’est pourquoi je pense que la prouesse de passionner les foules et de se démarquer des centaines d’ouvrages en apparence similaires qui paraissent chaque année doit être soulignée. Elle parvient en effet à insuffler un souffle au roman et à lui donner quelque chose que les autres n’ont pas : une certaine originalité, sans doute. Elément que l’on ne rencontre pas tous les jours non plus : l’absence totale de suspense. Dès la première page, on sait que Sarah est malade : ça va mal finir. Commence ensuite le récit de leur histoire, des beaux jours aux premières disputes. Et quand cette histoire vient à s’achever, le lecteur, plutôt que de s’attendre à des retrouvailles grandioses comme dans n’importe quel roman à l’eau de rose, sait que c’est terminé, cette fois. Et bizarrement, j’aime les histoires qui finissent mal, qui nous laissent un sentiment d’inconfort et d’inachevé et nous confrontent à de réelles émotions. Les happy end, quant à eux, se laissent facilement oublier. J’ai également apprécié le fait que le narrateur s’efface totalement dans la première partie, tout comme sa personnalité semble s’effacer aux côtés de cette si merveilleuse Sarah, tantôt envoutante, tantôt toxique. Cette absence souligne très bien le fait qu’elle ne peut vivre sans cette femme, si bien qu’une fois venue la seconde partie, on réalise qu’au fond, on ne connait rien de ce je qui nous raconte son histoire, pas même son prénom. Sans elle, elle n’est que douleur. Aussi, ce roman ose dire les choses. Je m’explique. Nous avons chaque jours des milliers de pensées qui nous traversent, sans pour autant que l’on puisse se permettre de les verbaliser, tout simplement car la société ne les approuverait pas. Mais cet indicible, Pauline Delabroy-Allard a décidé de le dire, sans ce soucier du qu’en dira-t-on. Et plutôt que de décrire simplement un chagrin d’amour classique, elle décrit également la colère du je envers une femme malade, qu’elle va jusqu’à traiter de « connasse ». Aussi, la narratrice, en perdant pied, va jusqu’à négliger sa fille, dont elle commence même à oublier le visage. Et puis… quel délice de lire un livre si bien écrit ! Les chapitres sont courts mais percutants. En peu de mot, le temps qui passe se fait ressentir, si bien que malgré le peu de pages du livre, j’ai effectivement eu l’impression que plusieurs années s’étaient écoulées depuis la rencontre de Sarah et de notre mystérieuse conteuse. Je ne sais qu’ajouter de plus car… Quand c’est bien, c’est bien ! Le livre sort de l’ordinaire, se lit rapidement, l’écriture est fluide. Que demander de plus ? Elise La vie est figée. Ça va durer cent ans, comme dans les contes. Mais non. Son mouvement de menton, et tout bouillonne. Elle est une flamme qui déferle, dans tout l'allegro. Elle bondit, ma sauvageonne, elle saute, elle trépigne, elle fuse. Con fuoco, et ce n'est pas moi qui le dit. Ce n'est plus son violon, c'est elle qui chante. Je voudrais que ça dure cent ans, comme dans les contes, que ça ne cesse jamais. Et puis, dans le presto, elle bombe le torse, mon petit soldat, elle s'en va-t-en guerre et je suis sa captive, pieds et poings liés. Ce sont les dernières mesures, elle se dresse, elle se cabre, elle devient titan.
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AuteursRaphaëlle, 17 ans, grande lectrice, du classique à la science-fiction. Archives
Juin 2019
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