Certains livres nous marquent, nous font réfléchir et nous poursuivent pendant des années. Et d’autres nous détendent simplement, sans pour autant que cela signifie qu’ils sont mauvais. Simplement, ils n’ont pas été écrits avec les mêmes buts. Aujourd’hui, j’ai décidé de me concentrer sur des livres qui m’ont beaucoup plu, mais que j’ai lu il y a trop longtemps pour en faire un article détaillé. Je tenais néanmoins à leur dédier quelques lignes car ils m’ont réellement touchée. 1. Nulle et Grande Gueule de Joyce Carol OatesRésumé : Ursula et Matt, bien qu’ils fréquentent le même lycée, sont deux personnages extrêmement différents. Elle se sent mal dans sa peau, cherche à tout prix à se cacher et se surnomme elle-même « la Nulle ». Il est populaire, drôle et aime amuser la galerie. Un jour, il fait la blague de trop, dit en plaisantant qu’il va faire exploser une bombe dans le lycée, et voit toute sa vie s’écrouler. En effet, quelqu’un l’a dénoncé à la direction, sortant ses mots de leur contexte. Matt se retrouve alors aux prises avec la police, empêtré dans une situation qui le dépasse. Les témoins sont nombreux, mais personne ne veut être mêlé à l’affaire. Personne, sauf Ursula. J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, principalement parce que j’ai trouvé le personnage d’Ursula très attachant. En effet, elle n’en est absolument pas consciente, mais elle est originale, drôle, cynique, indépendante et surtout très honnête. Elle se bat pour ce qu’elle pense être juste, sans se soucier des qu’en dira-t-on. C’est aussi une très belle histoire d’amour, entre deux personnages insolites, réunis par des circonstances inattendues, qui réalisent qu’ils ont bien plus en commun que ce qu’ils auraient pu croire. Ursula Riggs est cool parce que : 1) Tu te fiches pas mal d’eux. Leurs yeux menteurs et leurs masques souriants. 2) Tu es toi. Tout le monde respecte ça. 2. No et moi de Delphine de ViganRésumé : Lou, 13 ans, surdouée, a sauté plusieurs classes et a donc cours avec des adolescents plus âgés de quelques années. Elle se sent seule, ne parle pas beaucoup, mais pense énormément. Elle aime errer à travers les rues, et surtout à la gare, où elle observe les gens. Elle leur imagine des vies, pense aux départs, aux retrouvailles, et finit par trouver ce lieu très poétique. Un jour, elle rencontre No, une jeune fille sans abri d’une vingtaine d’années. Les deux jeunes filles sympathisent et Lou décide d’héberger No chez elle. Encore une fois, le personnage de Lou est très attachant, mais au-delà de cela, ce livre énonce plusieurs vérités stupéfiantes. Ce roman parle effectivement de différence, d’amitié, des inégalités face à la vie et surtout, dénonce l’indifférence de la société vis-à-vis des sans-abris : On est capable d’envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l’espace, d’identifier un criminel à partir d’un cheveu ou d’une minuscule particule de peau, de créer une tomate qui reste trois semaines au réfrigérateur sans prendre une ride, de faire tenir dans une puce microscopique des milliards d’informations. On est capable de laisser mourir des gens dans la rue. Aussi, Delphine de Vigan pose la question de la meilleure manière d’aider quelqu’un en difficulté, puisque même sous un toit, les vieux démons de No la poursuivent. C’est donc un roman très riche et émouvant, qui aborde des sujets qui nous touchent tous. 3. Mange, prie, aime d'Elizabeth GilbertRésumé : Elizabeth, prostrée dans sa salle de bain, réalise une nuit qu’elle n’est pas heureuse et épanouie, comme elle pense qu'elle devrait l'être. Elle quitte alors son mari, à la grande stupéfaction de ce dernier et de ses proches, et obtient de son rédacteur de partir un an à la découverte d’elle-même, dans le cadre de son travail de journaliste. Elle commence par l'Italie, où elle va redécouvrir le plaisir de manger. Elle part ensuite en Inde, où elle médite et prie dans un ashram. Enfin, elle découvre l’Indonésie, où elle tombe amoureuse. Ce qui m’a particulièrement marquée dans ce livre, c’est la vision d’Elisabeth Gilbert de la religion. Elle n’est ni bouddhiste ni catholique, et ne voit pas Dieu comme un vieux monsieur sur un nuage, mais plutôt comme une sorte d’entité immatérielle qui régit l’Univers et en lequel elle a besoin de croire. Ainsi, elle ne suit aucun rite et crée ses propres rituels, sa propre philosophie, ses propres croyances. Le livres est aussi riche en enseignements, puisqu’au fil de son parcours, Elizabeth Gilbert distille quelques informations sur les endroits qu’elle visite, partage ce qu’elle a appris au cours de ses voyages. Ainsi, on en apprend sur l’origine de la langue italienne, sur la pratique de la méditation, mais aussi sur la nature humaine. Je pense que faire un film d’un tel livre n’avait pas beaucoup de sens, car l’écrivain raconte avant tout son voyage intérieur, ce que ne peut retranscrire une caméra. Il n’est certes pas désagréable à regarder, mais le livre m’a bien plus apporté ! Les gens, universellement, ont tendance à penser que le bonheur est un coup de chance, un état qui leur tombera peut-être dessus sans crier gare, comme le beau temps ? Mais le bonheur ne marche pas ainsi, il est la conséquence d’un effort personnel. On se bat, on lutte pour le trouver, on le traque, et même parfois jusqu’au bout du monde. Un homme pauvre va tous les jours à l’église prier devant la statue d’un saint. « Cher saint, le supplie-t-il, s’il te plait, s’il te plait… Accorde-moi la grâce de gagner à la loterie. » Cette supplique se poursuit des mois et des mois. Pour finir, la statue, au comble de l’exaspération, prend vie et, baissant les yeux sur le quémandeur, lui dit, avec dégout et lassitude : « mon fils, s’il te plait, s’il te plait… achète toi un billet ». 4. La solitude des nombres premiers de Paolo GiordanoRésumé : Alice et Mattia ont des passions différentes, des histoires différentes, des problèmes différents, et pourtant ils ont une chose en commun : ils sont autodestructeurs. Alice, passionnée par la photographie, est anorexique. Mattia, féru de mathématiques, depuis la disparition tragique de sa petite sœur handicapée, se sent tellement coupable de vivre qu’il ne peut s’empêcher de se scarifier. Bon. Ce n’est clairement pas un livre très rigolo. Mais il est extrêmement bien écrit et l’auteur parvient à créer un lien si singulier et si fort entre les deux personnages que je ne pouvais pas ne pas le citer. En effet, au fur et à mesure des pages, on ressent la puissance de leurs sentiments, on sait qu’ils pourraient s’entraider, mais il y a une barrière, qu’ils ne parviennent pas à franchir et qui les empêche d’être simplement là l’un pour l’autre. Car ils étaient unis par un fil… qui ne pouvait exister qu’entre deux individus de leur espèce, deux individus qui avaient reconnu leur solitude dans celle de l’autre. Les nombres premiers ne sont divisibles que par un et par eux-mêmes. Ils occupent leur place dans la série infinie des nombres naturels, écrasés comme les autres entre deux semblables, mais à un pas de distance. Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires, raison pour laquelle Mattia les trouvait merveilleux. Il lui arrivait de se dire qu’ils figuraient dans cette séquence par erreur, qu’ils y avaient été piégés telles des perles enfilées. Mais il songeait aussi que ces nombres auraient peut-être préféré être comme les autres, juste des nombres quelconques, et qu’ils n’en étaient pas capables. Cette seconde pensée l’effleurait surtout le soir, dans l’entrelacement chaotique d’images qui précèdent le sommeil, quand l’esprit est trop faible pour se raconter des mensonges. J'espère que ce genre d'article un peu plus éparpillé t'as plu, je reviendrai très vite avec un autre du même genre, afin de présenter des lectures moins "prise de tête", idéales pour se détendre à l'approche des vacances!
Elise
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AuteursRaphaëlle, 17 ans, grande lectrice, du classique à la science-fiction. Archives
Juin 2019
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