Partie I : CombrayRésumé : Marcel et ses parents, parisiens, rendent fréquemment visite à leur famille à Combray. Leur quotidien y est réglé comme une horloge et décrit en détail au travers des yeux du petit Marcel. Ainsi, celui-ci nous raconte avec nostalgie sa jeunesse : les promenades avec ses parents, les dimanches après-midi de lecture, les dîners précoces du samedi, les soupers avec Monsieur Swann et l’heure douloureuse du coucher. « La recherche du temps perdu » de Marcel Proust a toujours fait partie de ces livres que je voulais lire un jour mais dont j’ai repoussé la lecture à plus tard pour plusieurs raisons. D’abord, je savais Proust réputé pour sa complexité et la longueur de ses phrases, et j’avoue avoir été effrayée. Ensuite, malgré mes quelques découvertes de l’année dernière (Cf mon article 5 classiques à lire), j’ai toujours du mal à me tourner vers des classiques de moi-même, amoureuse que je suis de la littérature moderne. Mais suite à ma lecture de Orlanda de Jacqueline Harpman et après avoir ressenti la curieuse impression d’être exclue d’une conversation entre Aline et Orlanda, les deux personnages principaux de ce livre, j’ai décidé de me lancer, sans trop savoir si j’y étais réellement prête. J’aimerais vous dire que j’ai dévoré les huit volumes de la Recherche en une nuit, que je n’ai pu m’arrêter de lire tant j’ai trouvé le style de Proust envoutant, mais malheureusement je ne serais sans doute jamais ce genre de personnes, d’abord car je lis assez lentement, et ensuite parce que j’ai plutôt tendance à « digérer » les classiques qu’à les dévorer. J’ai donc pris mon temps et à ce jour, je n’ai lu que les 184 premières pages, à savoir la première partie de « Du côté de chez Swann », Combray, sur laquelle je vais me concentrer aujourd’hui. Effectivement, j’ai pensé qu’il pourrait être intéressant, pour changer, de voir évoluer mon avis et mes impressions au fil de ma lecture. De plus, je pense faire une petite pause entre chaque partie de cette œuvre colossale afin de lire d’autres livres plus « actifs ». En effet, le seul reproche, ou plutôt - car loin de moi l’idée de reprocher quoi que ce soit à Monsieur Proust – la principale difficulté que j’ai rencontrée lors de ma lecture, fut l’inaction qui caractérise ce livre. Car Proust aime décrire - il le fait d’ailleurs fort bien- et j’ai beaucoup apprécié cette précision dans la description pour ce qui est des sentiments et des impressions du narrateur. En revanche, les descriptions de paysages, d’églises, de jardins et de rivières m’ont semblées interminables, bien que je leur concède une utilité, puisqu’elles permettent de parfaitement se représenter l’environnement qu’a été celui de Marcel durant sa jeunesse. De cette manière, le narrateur donne à son lecteur l’impression que nous le connaissons intimement, et que nous savons tout de son enfance, de ses désirs et de ses peurs, alors que nous ignorons tout ou presque de sa vie à Paris (si ce n’est cet épisode de l’oncle Adolphe), où il habite pourtant la majeure partie du temps. Pour moi, il s’agit d’un véritable tour de maître que d’être parvenu à nous narrer sa personnalité et à nous donner une idée claire de qui il est sans nous en dire plus sur sa vie, ses amis, sa scolarité, … De plus, j’ai trouvé l’écriture de Proust déroutante, élégante, soignée et précise. Certes, les phrases sont longues, mais parfaitement construites. Du point de vue vocabulaire, le style ne présente aucune difficulté. La Recherche me semble donc, étonnamment, assez abordable, et surtout, elle en vaut la peine. De toute évidence, il s’agit d’un des livres les mieux écrit que j’aie jamais lus, si pas le mieux écrit. J’ai également trouvé les personnages présentés par Marcel tout à fait charmants, notamment Legrandin, citadin snobinard qui m’a arraché un sourire, mais aussi la tante Léonie et ses contradictions, Françoise et sa compassion limitée, le pauvre Monsieur Vinteuil et ses partitions et bien entendu le fameux Monsieur Swann. Ces derniers sont tous parfaitement décrits, du moins comme ils apparaissent au petit Marcel : des connaissances de Combray, dont il a pourtant analysé chaque geste, si bien qu’il nous en livre un portrait assez détaillé. Je conclurai en vous recommandant vivement de lire ce livre, sans modération si vous êtes un grand habitué des classiques, et à petites doses si vous êtes comme moi, novice. Elise Quelques extraitsLongtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : "Je m'endors." Et, une demi-heure après, la pensée qu'il était temps de chercher le sommeil m'éveillait; je voulais poser le volume que je croyais avoir dans les mains et souffler ma lumière; je n'avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier; il me semblait que j'étais moi-même ce dont parlait l'ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François 1er et de Charles-Quint. Ce que je reproche aux journaux, c'est de nous faire faire attention, tous les jours, à des choses insignifiantes, tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie des choses essentielles. Puisque je voulais un jour être un écrivain, il était temps de savoir ce que je comptais écrire. Mais dès que je me le demandais, tâchant de trouver un sujet où je pusse faire tenir une signification philosophique infinie, mon esprit s’arrêtait de fonctionner, je ne voyais plus que le vide en face de mon attention, je sentais que je n’avais pas de génie ou peut-être une maladie cérébrale l’empêchait de naître.
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AuteursRaphaëlle, 17 ans, grande lectrice, du classique à la science-fiction. Archives
Juin 2019
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